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Franc suisse : La guerre en Ukraine intensifie les flux de réfugiés

Le franc suisse s'est considérablement renforcé par rapport à l'euro au cours des derniers mois. Les flux de valeurs refuges ont fait remonter la monnaie et la Banque nationale suisse semble plus détendue avec un franc plus fort. Mais une hausse des taux en Suisse est-elle une perspective réaliste pour 2022 ?

Flux de valeurs refuge

Le franc suisse, valeur refuge traditionnelle, a été fortement sollicité au cours du dernier trimestre de 2021 et au début de cette année, les investisseurs s'inquiétant d'abord de l'Omicron et de son impact potentiel sur l'économie mondiale, avant que les craintes concernant la Russie et l'Ukraine ne commencent à alimenter les flux de valeurs refuge.

L'invasion de la Russie en Ukraine a fait chuter l'EURCHF à 1,0280, un niveau qui n'avait pas été atteint depuis 2015, lorsque la BNS avait détaché le franc de l'euro. La Suisse, réputée pour sa neutralité politique, a fait du franc l'une des valeurs refuges les plus prisées alors que la Russie se dirige vers Kiev.

Assouplissement des interventions de la BNS

La hausse du franc est intéressante car la BNS utilise depuis longtemps un taux d'intérêt négatif de -0,75 %, en plus de l'intervention monétaire pour limiter la force du franc suisse et protéger les exportations suisses.

Un franc plus fort ferait baisser le prix des importations tout en nuisant à l'économie suisse en augmentant le prix des exportations suisses, menaçant potentiellement la stabilité des prix pour la nation exportatrice. Toutefois, le fait que le franc suisse s'échange à son niveau le plus élevé depuis des années suggère que le niveau d'intervention directe de la BNS sur le marché ralentit considérablement.

Selon les données publiées à la fin de l'année dernière, la BNS a dépensé 2,79 milliards de francs en devises étrangères au troisième trimestre de l'année, soit une diminution des interventions, malgré une appréciation du franc suisse de 1,6 % sur la même période. En outre, la BNS a dépensé 5,44 milliards de francs en devises étrangères au deuxième trimestre 2022 et 10,97 milliards de francs au premier trimestre. Les données montrent une baisse des interventions directes de la BNS sur le marché en 2021.

Cela dit, les dépôts à vue détenus par la BNS ont augmenté début janvier, ce qui pourrait être le signe que la banque centrale a repris ses achats de devises pour contenir le franc suisse. Toutefois, il pourrait également s'agir d'un retour des liquidités sur les comptes bancaires après les retraits effectués avant Noël. À l'époque, l'EUR/CHF s'échangeait à 1,0425 et le Swisse a continué à se renforcer depuis. Les dépôts à vue en février ont à peine changé.

La baisse générale des niveaux d'intervention indique que la BNS est plus détendue face à la hausse du franc et qu'elle est moins encline à freiner sa valeur, même si les flux de valeurs refuges stimulent le franc.

Action des prix de l'EUR/CHF

L'EUR/CHF s'est négocié en baisse de 7% au cours des 12 derniers mois, le prix ayant chuté d'un sommet de 1,11500 en mars dernier au niveau de 1,0350 auquel il se négocie aujourd'hui. La paire se négocie en baisse de plus de 2 % depuis le début du mois de février.

 

Source: TradingView / FlowBank

Pourquoi?

Pour comprendre pourquoi la BNS a pu se détendre, il est utile d'examiner le contexte économique en Suisse et en Europe, ainsi que les activités des autres banques centrales, notamment la BCE et la Fed.
L'inflation en Suisse, mesurée par l'indice des prix à la consommation, a atteint 1,6 % en glissement annuel en janvier, soit le niveau le plus élevé depuis plus de 23 ans, ce qui rapproche également le taux d'inflation de l'objectif de 2 % de la banque centrale. Bien que la hausse de l'inflation soit notable, elle reste conforme à la définition de la stabilité des prix de la banque centrale et n'a rien à voir avec la flambée de l'inflation que connaît la zone euro.
Les dernières données relatives à l'IPC de la zone euro ont révélé que l'inflation a atteint un niveau record de 5,1 % en janvier, en glissement annuel, et qu'elle est encore plus élevée, à 25 %, lorsque les prix à la production sont pris en compte.
Ce niveau élevé d'inflation dans la zone euro, comparé à l'inflation en Suisse, réduit l'impact négatif d'un Swisse plus fort et fait baisser la juste valeur du franc euro. De plus, les banques centrales du monde entier cherchant à resserrer leur politique monétaire, la BNS se voit contrainte d'agir.
La BCE ne devrait pas relever ses taux d'intérêt avant le dernier trimestre de 2022, ce qui suggère que la BNS pourrait se projeter en 2023 pour la première hausse des taux d'intérêt. Il est peu probable que la BNS agisse avant la BCE, étant donné qu'un tel geste ferait grimper le franc, ce qui nuirait à l'économie. L'inflation en Suisse n'est pas assez élevée pour créer une quelconque forme de panique à la banque centrale, qui insiste sur le fait que sa position dovish est toujours appropriée.
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La prochaine évaluation de la politique monétaire et décision de taux de la BNS est attendue le 24 marsth .

Quelle est la prochaine étape pour l'EUR/CHF ?

La BNS a permis au franc suisse de se renforcer sous 1,04, ce qui a ouvert la porte au niveau de 1,03, qui semble être l'une des dernières lignes dans le sable avant la parité. On peut s'attendre à une certaine défense de la BNS à ce niveau. Toutefois, la parité entre le franc suisse et l'euro n'est peut-être pas si éloignée et pourrait constituer un objectif raisonnable pour les années à venir.

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