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Si les États-Unis éternuent…

Avec un deuxième trimestre consécutif de croissance négative, la question d’une récession américaine devient un sujet de gros débat. Mais, selon nous, ce serait hâtif que de déclarer défaite. En effet, si l’on regarde sous le capot, on voit un paysage économique beaucoup plus nuancé – et résilient – que le chiffre officiel du PIB ne l’indique.

Au-delà de la définition technique d’une récession, avec deux trimestres de baisse, une récession officielle américaine doit être déclarée par le NBER (National Bureau of Economic Research), ce qui arrive souvent plusieurs trimestres plus tard. Aujourd’hui, nous pensons que les États-Unis ne sont pas en récession. Déjà, les chiffres économiques sont fréquemment révisés, nous pourrions donc voir les chiffres du deuxième trimestre revus en territoire positif. De plus, le PIB du premier trimestre a été impacté par une demande très forte qui a fait monter les importations. Le deuxième trimestre, lui, a été touché par de gros mouvements dans les inventaires et la demande pour les biens, alors que la demande pour les services a fortement augmenté. Les dépenses gouvernementales ont aussi chuté au 2ème trimestre, mais devraient reprendre avec les nouveaux paquets fiscaux qui devraient être approuvés par le Congrès.

Oui, la demande sous-jacente est graduellement en train de ralentir, surtout dans les ménages aux salaires les plus bas qui les plus impactés par l’inflation, mais elle n’est pas aussi faible que certains gros titres suggèrent. Les dépenses restent fortes, en particulier chez les consommateurs de produits haut de gamme. Les dépenses en loisirs sont 15 % plus élevées que celles du deuxième trimestre de 2019, dépassant ainsi les niveaux d’avant la pandémie. De plus, la force et la résilience du marché de l’emploi américain pourrait empêcher le NBER de déclarer une récession.

La plus grosse question est celle d’une récession future. Il est trop tôt pour exclure cette possibilité pour 2022 ou début 2023, mais nous restons confiants pour le moment. La Réserve fédérale est aussi vue comme arrivant au bout de sa phase la plus agressive en termes de resserrement monétaire, ce qui devrait soulager le sentiment des investisseurs au cours des prochains mois.

Cette attente devrait être soutenue par les signaux de désinflation qui commencent à arriver. En effet, les matières premières ont fortement baissé depuis leurs sommets, les commerces ont des stocks excédentaires qu'ils doivent écouler, les prix des voitures d’occasion et des voyages baissent et le marché immobilier commence à se refroidir au vu de la hausse des taux hypothécaires. Plus récemment, la composante des « prix payés » du ISM industriel a fortement chuté en juillet, à son niveau le plus bas depuis août 2020, et l’indice de prix des services a aussi baissé pour le troisième mois consécutif. Tous ces éléments laissent présager une baisse des prix, même si cette baisse est progressive.

Les États-Unis sont aussi beaucoup moins exposés à la crise énergétique qui menace l’économie européenne. L’épée de Damoclès d’une coupure de gaz Russe avant l’hivers ne pend pas au-dessus des Américains, qui sont indépendants pour leurs besoins en énergie. Pas de risque d’arrêts de production ou de coupures d’électricité en vue.

Enfin, il ne faut jamais sous-estimer le consommateur américain. Même si le taux d’épargne est de retour à la norme, le niveau d’épargne excédentaire reste très élevé et les Américains ont encore beaucoup d’argent non-dépensé depuis le Covid.

Avec un fort ralentissement en Chine et une récession très probable en Europe, les marchés ont besoin que l’économie américaine résiste et soutienne le reste du monde ainsi que les bénéfices des entreprises. Un ralentissement et une réaction négative aux données reste probable, mais il est certainement trop tôt pour dire que l’économie américaine est tombée en récession. Pour le moment, nous penchons encore vers l’optimisme.

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